L'histoire
Histoire récente
Furfande est un lieu privilégié : l’herbe y est suffisamment généreuse pour accueillir chaque été un troupeau de 250 vaches alors que partout ailleurs le climat sec et ensoleillé a favorisé l’élevage du mouton. Chaque famille d’Arvieux venait faucher l’herbe vers le 10 août (après qu’elle ait eu le temps de pousser !), et déposait ce foin dans une grange. Puis, après la fête du 15 août au village, les grands parents et les enfants montaient les bêtes (4 ou 5 vaches par famille), pendant que les bras vigoureux s’occupaient dans la vallée aux travaux des champs. Chaque dimanche, « ceux d’en bas » conduisaient les mulets chargés de nourriture pour une semaine à « ceux d’en haut » et redescendaient chargés de foin: l’hiver est long en montagne et les bêtes à l’étable exigent leur ration quotidienne ! Chacun prenait le plus grand soin des bêtes, les rentrant chaque soir pour la traite dont on fabriquait le fromage sur place, et pour les protéger des intempéries. On chauffait même l’eau pour leur donner à boire afin de les préserver de tout refroidissement. Par reconnaissance et peut être gratitude pour ce bien vital, chacune avait son prénom !
Ainsi s’étirait l’été, jusqu’aux premiers frima et la rentrée des classes le 1er octobre.
Le curé montait une fois dans l’été dire la messe « le dimanche du milieu », c'est-à-dire début septembre. Cette coutume est devenue la fête de l’alpage, à une date plus appropriée à notre calendrier, soit le 1er dimanche qui suit le 15 août.
Suite aux grandes transformations du monde agricole, cette organisation a disparu en 1966 .
Désormais, l’alpage n’est plus fauché et n’accueille plus que des génisses, ce qui évite le long travail de la traite. Les bêtes sont regroupées dès le 15 juin et jusqu’au 15 octobre sous la vigilance d’un seul berger dont le salaire est réglé par l’ensemble des éleveurs appelé « groupement pastoral » et restent dehors jour et nuit ! Leur prénom est remplacé par un numéro dûment agrafé à l’oreille ….cependant que les cloches résonnent toujours gaiment à leur cou !
Les granges, abandonnées au fil du temps, ont été sauvées de la ruine et rénovées dans les années 85, pour devenir de petits havres de paix et lieu de souvenirs encore très prégnants pour les Arvidants.
Le refuge de Furfande était l’un de ces anciens chalets d’alpage.
Aménagé en 1977 (à la création de la GTA), il a été démoli et entièrement reconstruit en 2014. Étape sur le tour du Queyras, son emplacement est exceptionnel : un balcon plein sud d’où la vue porte de l’Italie aux confins de l’Ubaye, à 2300m d’altitude, où marmottes et chamois se partagent l’espace…
Histoire ancienne
Des textes conservés aux archives de Gap attestent d’une activité pastorale à Furfande dès le 15ème siècle. Cette activité dépendait du domaine ecclésiastique de l’Abbaye de Boscodon.
L’alpage était fauché par les habitants des Escoyères, l’herbe était entreposée dans des granges et descendu à dos de mulets aux Escoyères. Pour l’estive, les habitants des Escoyères s’établissaient dans leurs chalets au « founs » ou « le font », c'est-à-dire à l’altitude la plus basse de l’alpage. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, on peut lire sur les cartes IGN « chalets de furfande » à l’altitude de 1950m et « granges de Furfande » à l’altitude de 2300m.
En 1628, le village d’Arvieux s’étant développé, ses habitants ont revendiqué la propriété de l’alpage. Ainsi, l’Abbaye de Boscodon a vendu l’alpage à la commune d’Arvieux qui en partage l’usage avec les habitants des Escoyères. Les uns « en haut », qui accèdent par le col de Furfande au nord, et les autres « en bas » qui accèdent par le col de la Lauze au sud !